dimanche 9 mai 2010

Japon - Jour 18 - La fin

Dernière soirée, dernière nuit, dernier réveil et dernier jour ...
Les bagages sont bouclés, les sacs et valises remplies à ras bord, mises de côté en attendant le dernier départ pour l'avion ce soir. Pas de photos aujourd'hui, je n'aurais pas le temps. J'attends mon colocataire avec qui on va aller assister à un combat de Sumo, dernière activité à Tokyo, dernière activité purement japonaise. Après, dernière balade quelque part, derniers achats de sucreries étrange, et embarquement pour le retour.
Voilà, l'aventure nippone est bel et bien sur le point de se terminer.
Un voyage qui, je le sais déjà, laissera des traces. Et de bonnes traces je pense.

J'essaie de me souvenir de mes premières impressions en arrivant ici, de mes premiers "chocs". Et je regarde aujourd'hui. Je ne suis pas d'ici, je le sais, et le pays n'a pas besoin de me le dire, c'est un fait que je suis obligé d'accepter. Mais si je me sens toujours aussi étranger, je ne me sens pas exclu, je me sens surtout bien ici. Le japon est vraiment un beau pays, au sens le plus complet du mot pays, que ce soit dans sa population, sa culture, ses traditions ou son quotidien.
Le japon, c'est un pays qu'on ne peut pas découvrir, c'est un pays qu'il faut vivre. 18 jours, c'est peu, et pourtant que de chemin parcouru en si peu de temps ! L'emploi du temps était intense, mais rien n'est à regretter, absolument rien.

Avant d'y venir, le japon me fascinait, m'intriguait, et j'aimais beaucoup tout ce que j'en connaissais. Maintenant que j'y suis venu, que j'y ai un peu évolué, je peux clairement affirmer qu'on ne connait pas le japon. Et par "on" , j'englobe sans complexe tout l'occident. Ce pays ne peut être deviné ou compris ni par les médias, ni par la littérature, ni par la 'japanimation'. Il faut déjà y venir, puis, je pense, y vivre. Longtemps.
Dans beaucoup de pays, le français (et l'européen plus généralement), arrive en conquérant, reliquat du temps des colonies. On a régulièrement tendance à se sentir supérieur ou au moins de même niveau. On trouve toujours un équilibre en comparant l'herbe - forcément plus verte - d'ailleurs avec celle - forcément fatiguée mais connue - de son propre pays, et on arrive  à une espèce de consensus naturel qui nous fait juger que les deux sont bien et se valent au final, ou carrément qu'on est finalement pas si mal chez nous.
Avec le Japon, si on reste objectif, c'est impossible. Trop différent. C'est un pays qui pourrait avoir beaucoup à nous apprendre; mais qui ne le fera jamais, et de toutes façons nous ne pourrions entendre ou comprendre ce qu'ils auraient à nous dire.

C'est la première fois qu'après être allé à l'étranger, je ressens si profondément ce sentiment : j'ai l'impression d'être allé à l'étranger pour la première fois.

Ce voyage c'était une idée un peu lancée en l'air au début. Puis cela s'est concrétisé il y a près d'un an, grâce à une promotion sur les vols Air France si on partait à 10 ou plus. Petit à petit, au fil des mois, à force d'attendre, c'était presque devenu un rêve qui arriverait un jour, mais un jour seulement. Près du départ, retour à la réalité avec le réveil d'un volcan, puis, sans prévenir, la plongée sans oxygène dans un monde nouveau.

Ce voyage c'était aussi un groupe de 10. J'ai passé plusieurs années en vie communautaire étroite, à six personnes en permanence ensemble, aussi je savais grosso modo à quoi m'attendre de ce côté, même si j'ai toujours parfois du mal à l'accepter. 10 personnes, c'est d'abord 10 personnalités différentes, 10 rythmes de marche, de sommeil, de vie, différents. 10 envies différentes au même moment donné. Ce côté-là c'est plutôt bien passé car il s'agissait avant tout de 10 adultes.
Ce groupe, ça a aussi été un moyen, surtout au début, de garder un rythme soutenu que, en groupe plus restreint, on n'aurait probablement pas tenu paradoxalement. 10 personnes, c'est aussi une certaine inertie dans les lieux publics, c'est du stress d'en perdre un, ou de perdre le groupe pour chacun.
Mais 10 personnes, qui se connaissent, c'est aussi 10 points de vue, ressentis, vécus différents.
Et sur les 10 personnes, c'était aussi deux organisateurs/parents qui ont fait largement leur part de boulot, bien plus qu'on n'aurait pensé à demander (parfois trop probablement), 2 personnes sans qui l'idée en l'air du début n'aurait probablement pas pris forme. 2 personnes qui n'ont pas forcément gâché leur séjour, souvent ravis de nos bouilles étonnées et émerveillées, mais pour qui ces 18 jours n'ont clairement pas ressemblé aux nôtres.

Bientôt le retour en France, dans le vieux monde (qui n'a jamais aussi bien porté son nom je trouve).
Le retour de la baguette de pain, du fromage, de la viande de bœuf de plus d'un millimètre d'épaisseur. De la cloppe en marchant, de la Guinness qui tâche et du passe Navigo.
Le retour des gens qui se bousculent dans le métro, de ce métro puant et saccadé, du couteau dans le sac, des regards de travers, des feux rouges grillés, des klaxons, des rues sales et mal régulées, et des cafés Starbucks à 5€, et des bastons à châtelet.
C'est la disparition des distributeurs de boisson à 80 centimes, des poubelles publiques pour le tri des déchets, des game-center à chaque coin de rue où le crédit coûte moins d'un euro, des mini-jupes pas inquiètes sur les trottoirs.
La disparition des filles qui ne savent pas marcher, des vélos mal huilés, des sacs d'emballages à profusion, des hommes-machines et des femmes objets.

Ce voyage au Japon, c'était aussi ce blog, que, finalement, vous avez été assez nombreux à lire. Au tout début, je voulais poster juste une photo par jour. Puis j'ai voulu tenir une sorte de journal illustré, à l''intention de ma mémoire toujours défaillante et des gens que j'ai laissé en France. Puis, comme presque tous les personnages de mes histoires, il m'a échappé et est devenu une sorte de déversoir facile d'impressions quotidiennes; un vrai blog banal :)Merci de m'avoir suivi, même de loin pour certains :p, j'ai été ravi de partager cette expérience, même si je sais que je suis loin d'avoir réussi à transmettre tout ce que j'aurais pu ou voulu faire transparaître au travers des ces quelques mots. Mais il est des choses qu'on ne peut ni figer sur une image, ni décrire avec des mots. Venez ici vous en rendre compte !

Demain, c'est Paris. Mon Paris, que j'aime quand même et que je n'ai même pas l'impression d'avoir trahi... quoique.

2 commentaires:

  1. Merci densha pour ces 18 jours d'évasion par procuration. Pendant que t'étais au japon j'ai perdu l'usage de mes jambes, tu peux pas savoir comme ça a été une bouffée de fraicheur et un remonte moral de te lire tous les jours ;)

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  2. erf, pas glop pour toi, remet-toi bien (et content de t'avoir un peu distrait du coup :p)

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