jeudi 7 février 2013

Sénégal - Jour 9

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La vue de notre fenêtre...
Ne m'étant pas couché tard la veille, fatigué de la route, je me réveille très tôt, au chant lointain et si particulier des hyènes finissant leur nuit. Hésitant entre rester au lit et aller voir à quoi ressemble cet endroit dont on nous à tant vanté les mérites, je me décide à jeter 'juste un coup d'oeil par les grandes baies vitrées qui encadrent notre chambre et tombe littéralement amoureux du spectacle qui s'offre à moi !

Notre cabane à droite, dans l'arbre... sans commentaires :)
Le soleil n'est pas encore levé, mais le doux rougeoiement du ciel se reflète parfaitement sur la surface de la lagune qui s'éveille lentement à quelques mètres à peine, nimbant de magie ce lieu transpirant la beauté et la poésie de l'Afrique.
Je m'habille en hâte, m'empare de mon appareil photo et là, pendant une bonne heure, j'assiste au réveil de la nature dans ce cadre si merveilleux ! Notre chambre est effectivement une cabane (de luxe, soit, mais une cabane ) intégrée dans un immense baobab; à moins de 5 mètres la lagune lèche une passerelle de bois donnant sur un petit îlot contenant 3 autres huttes posées littéralement sur l'eau; de l'autre côté, une maisonnette en terre orangée se fond dans le ciel levant; les oiseaux s'éveillent et commencent à prendre leur premier bain du jour et à chahuter avec leur repas de poisson; je n'aurais pas pu en rêver aussi précisément !


Après une petite heure d'extase solitaire et de photos en rafale, c'est l'heure du petit déjeuner qui nous est apporté tout au bout d'un ponton sur lequel à été fabriqué une table; c'est presque au milieu de l'eau que nous prenons notre premier repas; la journée entière sera à l'image de ces premiers moments : calme, sereine, pleine de vie animale et végétale et - tellement ! - rassérénante.
On nous amène notre petit déjeuner sur le ponton...

Dans la journée, je tombe sur deux livres instructifs; le premier raconte l'histoire du Lodge de Niassam, au coeur de la région du Siné-Saloum : une équipe d'une dizaine d'amoureux passionnés qui est venu ici dans le but de bâtir un havre de paix et de bien-être dans le respect de la nature environnante : panneaux solaires, recyclage des eaux usées, etc... le tout au milieu d'une réserve naturelle; pari réussi !

Le second comprend une liste presque exhaustive des oiseaux que l'on peut croiser dans cette région du Sénégal; je m'amuse à faire la liste de ceux qu'on a croisé : le rollier d'abyssinie, des aigrettes, des tisserins (oiseau ayant la particularité de faire des nids en forme de boule pendus aux branches. Certains arbres sont envahis de ces "boules de noël" naturelles), des flamands roses , des  gonolek de barbarie, des cordons bleus, des Merle métallique à longue queue (qui à un vol vraiment superbe), des hérons et des hérons cendrés, des Calao à bec rouge
notre "cabane" encore, mais de jour
(avec un chant de "reveil-matin", mon préféré parmi ceux rencontrés), des Vautour palmiste , des Cormorans, des Vanneaux armés, des sterne, des Héron garde-bœufs  (appelés aussi 'pic boeuf', toujours à côté des zébus) , des Mouettes et des Pélicans. Et je suis presque sûr qu'on a aussi vu des buses mais je n'ai pas pu reconnaître l'espèce. Autant dire que tout le voyage nous avons été accompagnés par un oiseau ou un autre, au gré des différents panoramas qu'on a pu traverser.
J'étais très loin de m'imaginer une telle diversité en arrivant ici !

La journée passe bien trop vite entre farniente et ballade et il est déjà 15H, nous devons reprendre le taxi pour Dakar où nous décollerons avec plusieurs heures de retard. En chemin, nous nous arrêtons chez une tante de Lawane, notre chauffeur, pour acheter quelques pots de confiture (délicieux).



Ce voyage est bel et bien terminé. Au delà de la beauté, de la simplicité mais aussi de la sincérité naturelle du Sénégal, ce voyage aura été pour moi un premier contact plus que parfait avec l'Afrique, montrant sans honte ses réalités souvent difficiles (ou qui nous paraissent comme tel avec notre passif européen) mais montrant également sans prétention aucune l'infinie beauté et la chaleur tant de sa flore et faune, que de ses habitants. On m'avait dit que l'Afrique, soit on déteste au premier regard, soit on en rêve  toute sa vie; mon choix est fait !


Notre troisième et dernier varan aperçu

Pour ce merveilleux voyage, je voulais déjà remercier
- mes 3 compagnes de randonnées qui ont été parfaites,
- les chevaux adorables (surtout le mien que j'ai un peu malmené avec toutes les positions bizarre que j'avais parfois pour pouvoir prendre des photos),
- mais aussi et surtout nos deux initiateurs/accompagnateurs qui nous ont convaincu de faire ce voyage.
- et, cités en dernier mais les plus importants : Marie et Doudou. Elle pour sa logistique et son accueil parfait, et lui pour sa bonne humeur infaillible et son aptitude incroyable à toujours répondre aux milliers de questions que je pouvais lui poser sur tous les sujets possibles.

Moralité, allez au Sénégal, vraiment ! c'est, je pense, le meilleur premier contact avec l’Afrique qu'on puisse avoir (l'Afrique la vraie, pas les grandes villes des pays de bords de mer, ou les clubs de vacances) car c'est un pays très calme, à la situation politique stable, à l'économie naissante (au sens européen du terme) et pourtant cela reste un pays 'authentique', profondément ancré dans ses traditions même si la vie s'y modernise.
Et tant qu'à y être, faites une randonnée à cheval, Doudou est le seul du pays à proposer ça sur plusieurs jour donc, forcément, vous serez ravis !

Le site de Hors-dream qui nous a fait découvrir ce voyage : www.horse-dreams.com/
Le site de Marie & Doudou : www.everyoneweb.fr/africanranch/


mardi 5 février 2013

Sénégal - Jour 8

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même les carrioles se vendent ici
Voilà, la randonnée à cheval est terminée, mais pas le voyage !

Au programme ce matin, une visite du marché de M'bour, une des grandes villes du Sénégal. A l'annonce de la visite d'un autre "marché", j'ai un peu l’appréhension des marchés uniquement touristiques vu jusqu'à présent.
Mais à peine arrivés près de l'immense place, nous constatons avec joie qu'il s'agit ici d'un marché tout ce qu'il y a de plus local. Immense espace d'achat-vente destiné avant tout à la population locale, se trouvent ici un peu tout et n'importe quoi.
Dès l'entrée nous achetons des graines de pain de singe (pour faire du jus de Bouille) et des fleurs d'hibiscus à feuille rouge (pour faire du Bissap) et nous déambulons au milieu de la foule.
Il fait chaud aujourd'hui et la plupart des habitants se désaltèrent en suçant d'un petit sachet plastique où sont mélangés de l'eau congelée et un peu de sirop; même si cette glace 'fait maison' à l'air très tentante, nous n'oserons pas tester (en tant que touriste, mieux vaut se cantonner à l'eau en bouteille si on ne veut pas attraper une bonne vieille tourista ...).
Au fil de la ballade, nous achetons quelques vêtements, des cacahuètes (celles d'ici sont terriblement goûteuses et n'ont presque rien à voir avec celles que nous connaissons), etc...
Une fois notre petit tour terminé, nous voulons aller voir une autre partie du marché situé un peu plus loin : le marché aux bestiaux, réputé de loin pour la diversité et la qualité des animaux qui peuvent s'y vendre. Malheureusement, la chaleur et la fatigue aidant, nous serons mal réceptif aux demandes (trop) pressantes de quelques "guides" voulant absolument nous échanger leurs platitudes contre quelques francs CFA; la visite s'en trouvera écourtée, mais c'est déjà l'heure du repas, pas de regrets; nous filons alors en direction des quartiers d'habitation, très calme : Lawane, notre chauffeur depuis plusieurs jours, nous a invité chez lui. Le repas (pris  à la sénégalaise assis par terre sur de grandes nattes à piocher tous ensemble dans le même plat) s’avérera  comme toujours ici, aussi simple qu'excellent. C'est clairement un souvenir très fort que je garderais du Sénégal que cette simplicité non négligée pour autant. Mais comment un simple plat de riz et de poisson sans aucun artifice peut s'avérer être aussi bon et riche en goût ?!
Négociation acharnée à peine le bateau arrivé


Le repas fini, nous faisons nos adieux à une de nos camarade de randonnée qui à préféré partir ce soir: nous, nous repartons sur les routes, pas très loin, assister à la criée sur le port de M'bour.
venant de milliers de kilomètres de là, ces nomades viennent
vendre ici leurs moutons très prisés au Sénégal
A peine arrivés, nous acceptons de prendre cette fois les services d'un "guide" (initialement pour ne plus être harcelés par les autres, mais au final il s’avérera très intéressant et prolixe en explications diverses).  Au grès des étals, nous voyons des poissons tous plus gros ou plus étranges les uns que les autres; plusieurs métiers se croisent ici : du pêcheur évidemment, aux propriétaires ou commis de restaurants, mais aussi à ce que j'appellerais des 'traders' ! Généralement des femmes (en tout cas on n'a vu que des femmes faire cela), elles attendent les bateau tout au bord de la plage et négocient les pièces dès la mise au sec (parfois même alors que le bateau est encore à l'eau) pour se réserver les meilleures et plus belles pièces selon leur spécialité (langoustes, sèches, clamars, etc...). Une fois leur seau plein, elles alors remontent la plage vers un bâtiment fermé (la "bourse aux poissons") où elles iront revendre leur récolté avec plus-value. Et ça négocie sec autant au départ qu'au retour !
Un peu plus loin sur la plage, nous nous retrouvons agréablement pris à part par 'Pierre-Louis', responsable du chantier naval. Ici sont construits mais plus souvent restaurés les différentes barques de pêches utilisées tous les jours.
Très impliqué dans la réinsertion des jeunes comme des handicapés, il nous explique alors les différentes étapes classiques de construction de ces barques, le pourquoi des différents types de bois utilisés,  les tâches attribuées à chacun en fontion de son âge, son expérience ou son handicap, et l'espace de quelques minutes, il nous transmet sa passion de son métier, de son pays et des gens.
Pour finir, il nous annonce qu'une emission de Thalassa à été tournée et devrait bientot être diffusée chez nous. Il va falloir guetter.

Au terme de cette riche journée, nous voilà partis pour notre dernière nuit; nous allons ce soir dormir au Lodge des collines de Niassam, lieu parait-il merveilleux et inimaginable. Nous arrivons très tard et sans pouvoir/vouloir voir le lieu, nous filons nous coucher dans notre case ... dans un baobab ! bonne nuit !

jeudi 31 janvier 2013

Sénégal - Jour 7

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Dernier jour à cheval ! Nous ne devons chevaucher aujourd'hui que cette matinée, pour retourner tranquillement au ranch de Ndangane.

Cette petite ballade (3h) sera un résumé condensé de l'ensemble des paysages traversés pendant le séjour : plage, mangrove, tan, savane, forêt.

Si nous n'avons toujours pas eu la chance de croiser une hyène (dont le territoire de chasse est la mangrove), nous apercevrons tout de même quelques traces et même un chacal solitaire au loin. En chemin nous croiserons également une partie du troupeau de zébus de Doudou, dont certains très beaux spécimens.


au revoir Yokam, au revoir ...
Le retour au ranch semble ravir nos montures qui ne se font pas prier pour avancer; une bonne douche bienvenu et un costaud repas plus tard, nous allons faire une rapide balade à pied dans le village de Ndangane pour aller "chez Victorine", couturière talentueuse chez laquelle nous ferons nos premières emplettes "volontaires" du voyage.

L'après-midi passe rapidement, et juste avant la fin de la soirée nous est proposé une village au marché de Yayème. La moitié du groupe part en carriole  pensant (apparemment à tort) que ce sera moins fatiguant qu'à cheval, tandis qu'avec l'autre moitié, nous décidons de repartir avec nos fidèles compagnons équidés.


briques de terre de construction en
train de sécher
Yayème s’avérera un petit village très typique, avec ses femmes accourant de partout pour nous vendre la camelote locale, sa grande place avec un immense baobab en son centre, son église et ses petites maisons moitié en paille, moitié en terre.


Sur le chemin du retour, nous croiserons plusieurs familles Peulh, le plus grand peuple nomade du Sénégal. Doudou nous explique que leurs conditions de vie sont complètement dépendantes de leurs troupeaux qu'ils suivent au gré des pâturages  peu de têtes = conditions de vie précaires et difficiles.

et ce n'est que le début de la saison sèche ...

Quelques galops d'adieu à l'ombre des palmiers et des baobabs au soleil couchant (dont un bout suivis d'un petit troupeau de zébus au galop également !), et nous voilà de retour pour une bonne nuit de sommeil.


Demain, visite !

mercredi 30 janvier 2013

Sénégal - Jour 6

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Le programme commence ce matin par la visite du village de Djiffer.


Nous partons donc à cheval par la longue plage, escortés tout du long par le chien de l'hôtel. La plage est superbe et déserte, propre et tentante, mais l'heure n'est pas à la baignade; pas encore.
Assez rare dans ce pays à dominance musulmane,
quelques cochons en élevage


Une très puissante odeur de poisson nous accueille à l'arrivée au village; nous longeons la plage en découvrant la pointe de Djiffer et Doudou nous explique que ce village à deux particularités.

La première est que le village n'est habité qu'à une période de l'année, la très grande majorité des habitants vivant de la pêche  et retournant à Dakar ou dans d'autres village à la saison humide. Coup de chance, c'est maintenant qu'ils y sont.
Les poissons attendent sagement de sécher

La deuxième particularité de ce village est beaucoup moins drôle : situé sur un banc de sable, toute une partie du village à été englouti il y a quelque années par l'océan (dont l'usine de poisson dont on peut voir les ruines sous les vagues) il y a une vingtaine d'années (en 1987). Et chaque année, l'océan reprend un peu plus possession du terrain. D'ici moins d'une dizaine d'année, le village entier aura été lui aussi englouti.

La plage du village fourmille littéralement d'activité et nous longeons calmement les étals chargés de poisson en train de sécher, au milieu des hommes, femmes et enfants presque trop occupés pour nous remarquer.

Se baigner avec son cheval, sous le soleil couchant ...
Nous finissons notre petit tour par l'autre versant de la pointe qui commence à être mangée par la mangrove de ce côté; difficile de croire que cet endroit qui respire la sérénité est voué à disparaître.

Retour à l'hôtel par de nombreux galops sur le sable, et une pause bien méritée nous attends.

Après un bon repas, de bonnes baignades et bains de soleil, le clou de la journée : nous allons devoir baigner les chevaux ... et nous avec !

Le thé à la menthe, une tradition
forte ... et très appréciable !

Une fois n'est pas coutume, nous troquons nos vêtements d'équitation, notre bombe et nos selles contre nos maillots de bains.
Nous préparons nos chevaux avec uniquement une longe qui fera office de mors, et nous voilà partis, à cru, en maillots, à faire entrer dans l'eau puis nager nos chevaux !
Pouvoir nager sous ce soleil, cette plage, sur ces chevaux, sans aucune entrave ou contrainte, l'instant et magique !


La soirée se finira sur la plage, sur une grande natte à l'ombre des palmiers, en compagnie d'un guide des environs qui nous offrira un thé à la menthe sénégalais très agréable.
Plus que jamais cette sensation d'irréel, de vivre dans un prospectus exagéré d'agence de tourisme ...

jeudi 24 janvier 2013

Sénégal - Jour 5

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C'est presque à regret que nous quittons le campement d'Hélène, notre hôtesse, et nous voilà repartis en pleine savane. Très vite, nous traversons à nouveau quelques bolongs dont le plus profond m'arrivera à mi-mollet (avoir de l'eau jusqu'à mi-mollet à cheval représente quand même une belle profondeur) et nous alternons entre l'étendue désertique du tan et de mangrove à palétuviers.

Puit de sel déjà raclé
Notre route nous fait croiser une 'mer de sel', zone du tan proche de l'océan recouverte de sel. Ici aussi de nombreuses familles ramassent le sel en cassant la croûte en surface, triant le sable et le sel puis faisant de petits tas qui seront traités aux villages. Une dernière pratique de ramassage que nous verrons sera ces espèces de puits creusés à la main .
le "passage secret", traversé à cheval sous la mangrove !
Une fois ramassé, les récoltes sont entassées puis recouvertes d'abord d'une bâche plastique, et enfin de tout un assortiment bariolé de vêtements, tissus hétéroclites le tout relié par de la corde, des filets de pêche, etc... la bâche ayant pour rôle de protéger le sel des intempéries afin de permettre un séchage réel, et les tissus et vêtements ayant pour rôle de ... protéger la bâche qui pourrait facilement fondre au soleil.
De fait, pendant un petit moment, nous chevaucherons au milieu d'une forêt de minuscules dunes rivalisant de couleurs et de matériaux de recouvrement !

Là où le bât blesse c'est lorsque l'on voit ces travailleurs récoltant ce sel si précieux à main nue, sans aucune protection corporelle, ni même de lunette de soleil pour se protéger de la réverbération. Et dire que chez nous c'est un conseil beauté que de se faire des masques salés...

Juste après avoir abreuvé nos chevaux nous ferons une belle rencontre (disons que moi j'ai aimé, mais ce n'est pas le cas de tout le monde) : un magnifique et imposant varan qui nous céderas bien volontiers le passage.
Une longue pause déjeuner sous le couverts des arbres, entrecoupée du passage de quelques zébus et chèvres et au moment de repartir, nous en verrons un second au moins aussi gros; premier (et seul) accident du voyage : nous passons très probablement à côté d'un nid d'abeille qui viendrons nous taquiner. Une touchée mais l'incident restera sans gravité. La route continue.
Le tan et les tas de sel récoltés
Nous sortons de la savane pour longer la plage. La vue est étonnante : à droite, l'immensité de l'océan, une fine bande de verdure délimitant la frontière. à gauche, les étendues de sable et la rigueur du tan, tout au loin délimité par une forêt de palmiers...

La journée passe vite, accompagnés du calme sans fin de la région, et nous faisons finalement la course contre le soleil pour essayer d'arriver avant la nuit au campement .
C'est gagné, nous voilà au campement du Yokam, très bel espace touristique où nous pourrons laisser nos sacs en vrac pour une fois : demain, nous aurons l'après-midi de libre et dormirons au même endroit. La pause sera la bienvenue !


mercredi 23 janvier 2013

Sénégal - Jour 4

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Arrivée par la plage hier, donc départ par la plage ce matin. Très vite, nous arrivons dans une espèce de village de toubabs : beaucoup de maisons, rivalisant d'expériences architecturales , longent ce bord de plage. Il s'agirait là d'un ensemble de maisons d’expatriés touristes, mais actuellement toutes sont/semblent vides; tous rassemblés au même endroit (ne surtout, surtout pas se mêler à la population locale ! ) l'impression de village fantôme est très forte.
Calao à bec rouge, oiseau au vol très gracieux
et au chant reconnaissable


Comme souvent, nous voyons aussi les début de constructions de nombreuses maisons abandonnées avant la fin. Comme nous explique Doudou, plusieurs raisons à cela : déjà une raison parfois  juridique : maison pas finie = pas d'impôt. Ensuite, aussi près de l'eau, les terrains ne sont pas toujours réellement constructibles même si les autorisations sont délivrées, de plus les matériaux utilisés ne sont pas toujours adéquats dans un soucis d'économie (ne pas utiliser du béton marin pose très vite des problèmes en bordure d'océan) ...


Mais nous apprenons qu'aussi, plus fréquemment, il semblerait que posséder une maison 'en dur' étant un signe de réussite, comme posséder une voiture d'ailleurs (quel que soit son état), de nombreux Sénégalais commencent la construction dès que possible, sans attendre d'avoir la totalité du capital; et crise oblige, quand on a plus de sous, on attends et on laisse la construction en l'état. Du coup des panneaux 'A vendre' pullulent sur des maisons en état d'avancement plutôt aléatoire.

Tous ces squelettes de maisons abandonnées me rappelle furieusement la Corse et la Grèce.

Chemin faisant, nous essayons de traverser un bras de mer afin de visiter un chemin très prisé par les oiseaux au coeur de la végétation en bordure de mer. Mais l'océan à été trop capricieux ces derniers jours, et le guet semble avoir disparu; à regrets nous faisons demi-tour, ceci ne nous empêchant pas de continuer à nous extasier devant la multitude et la diversité des oiseaux alentours. Retour à la savane !
Un zébu très curieux
Notre copain l'astre solaire étant de très bonne humeur aujourd'hui, la pause repas à l'ombre d'un imposant baobab se prolongera un peu plus et nous voilà repartis. Nous longeons actuellement la mangrove (Écosystème fragile caractéristique des littoraux tropicaux); fortement menacée jusqu'il y a quelques années, de nombreux plans de sauvegardes ont été lancés, et un peu partout autour de nous des panneaux indiquent les zones de reboisement naissant. Domaine privilégié d'une faune spécifique (dont les Hyènes), nous débarquons en plein milieu qu'une zone extrêmement verte , comme une immense et infinie oasis au milieu du désert que semble être le tan. Le contraste est frappant.
On nous avait annoncé que cet après-midi, nous visiterions l'île de Fadiouth appelée communément 'l'île aux coquillages'. En bons sceptique, j'imagine une petite île avec 4 coquillages sur la plage et 10 paillotes de souvenirs à vendre. Pas du tout ! Nous arrivons aux abords du village où nous échangeons notre guide (qui reste avec les chevaux) contre un autre (habitant du village) qui nous emmène à la découverte de cette particularité Sénégalaise. Parfois considéré comme 'le plus beau village du Sénégal', la toute première particularité de Fadiouth réside dans ces habitants : plus de 90% de chrétiens et seulement environ 2-3% de musulmans; ces chiffres étant presque l'exact opposé de la répartition religieuse du reste du pays.
En suivant notre guide qui nous fera commencer la visite par le cimetière du village, nous découvrons deux autres particularités : ici se côtoient sans distinction les tombes musulmanes et les tombes chrétiennes (la consonance des prénoms inscrits étant pour nous le seul moyen d'en déduire les préférences religieuses des défunts), le tout dans un immense espace plutôt vert et clair (contrairement à nos tristes cimetières grisâtres , et le sol ... est ENTIÈREMENT en coquillages ! Notre guide nous explique qu'il en est de même pour toute l'île !

Cimetière mixte (chrétien et musulman)
La principale ressource du village , à part le tourisme qui à pu s'y développer, est la pêche, surtout aux coquillages qui sont très nombreux dans ces eaux peu profondes en bordure de la mangrove. Notre guide nous explique que les habitants pêchant les coquillages jettent au sol les milliers de coquilles et, devant certains tas trop imposants, viennent les déposer au cimetière pour maintenir un niveau de sol.
Nous traversons une passerelle pour accéder au village lui-même et nous décrit le principe communautaire : le village est décomposé en six quartiers possédant chacun son chef de quartier (un homme forcément) et sa place des palabres (place de village où seuls les hommes viennent discuter des problèmes du village). Si une solution ne peut pas être trouvée par l'un ou les six chefs de quartiers, alors seulement une demande d'assistance est faite aux autorités légales du village voisin.
Nous n'avons que très (trop) peu de temps, le point de rendez-vous étant encore loin, aussi nous devons écourter notre visite du village.


Laissant derrière nous ce joyaux niché entre la forêt le ciel et l'eau, nous voilà repartis sur les routes. Nous traversons plusieurs lagunes, les pieds au frais dans l'eau et nous rejoignons finalement notre destination : Fadial.
Nous sommes ici non pas dans un des beaux hôtels/camps que nous avons eu jusqu'ici mais chez l'équivalent de nos chambres d'hôtes. Repas maison préparé par la fille de notre hôtesse, douche en extérieur (un trou dans une dalle en béton, des seaux d'eau réchauffée au soleil : ma meilleure douche du séjour, un bonheur !), case unique commune simple et fraîche , nous finirons la soirée au chant des grillons à écouter les histoires de Doudou au coin d'un feu de mangier.

Tout va plutôt bien...



mardi 22 janvier 2013

Sénégal - Jour 3

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Nous sommes arrivés à la nuit déjà bien tombée hier à l'hôtel à Simal, et pendant le repas du soir (riz & poisson toujours) nous entendions la mer toute proche.
Mais en me levant très tôt ce matin là, je me rends compte que nous sommes plutôt les pieds presque directement dans l'eau. Il est tôt, le soleil n'est pas levé (comme pas grand-monde à part Doudou qui s'occupe déjà des chevaux), et j'assiste alors à un des plus beaux levers de soleil qu'il m'ait été donné de voir.

L'appareil photo ne s'arrêtera pas pendant près d'une heure, et je sais déjà que j'ai eu ce jour-là probablement les plus belles du séjour !
Tout y est, du ponton en bois à moitié écroulé, aux habitants naviguant en pirogue, du voisin faisant prendre un bain matinal à son cheval dans la mer aux nuées d'oiseaux décollant au soleil levant ... l'impression de vivre dans une carte postale qui nous suit depuis le début du séjour s'en trouve encore renforcée.


le Tan
Pendant le petit déjeuner, nous apprenons qu'aujourd'hui sera la plus longue journée à cheval (7 heures) et que nous ne devons pas traîner mais ... nous avons été annoncés aux femmes du village qui tiennent absolument à nous faire venir '5 minutes' au marché.
Sans imaginer ce qui nous attendait, nous nous rendons donc à côté du camp dans un assemblage de petites cases marchandes et là, c'est le piège ! 44 femmes du village nous attendent de pied ferme pour nous vendre grosso modo toutes les mêmes bibelots pour touristes.
"Arbre à nids". Les petites boules
sont des nids de Tisserands
L'épreuve est rude au réveil  nous sommes seuls (Doudou étant juge et parti ne pouvant décemment nous accompagner) et l'excuse du retard que nous prenons pour la journée à venir ne fonctionne pas (un proverbe Sénégalais dit 'Vous, vous avez l'heure, mais nous on a le temps !').
Nos vendeuses sont très insistantes (trop à mon goût) et ne demande qu'à joueur au jeu du marchandage (je déteste marchander ...) mais la balade de '5 minutes' au marché nous prendra finalement près d'une heure.

C'est donc déjà fatigués que nous reprenons nos chevaux pour nous enfuir vers des cieux moins solliciteurs. Heureusement, comme je l'ai déjà dit, tous les Sénégalais sont loin d'être aussi solliciteurs et nous ferons de belles rencontres dans la journée.
Après nos chevaux, c'est au tour
des zébus de se désaltérer
Tout au long de la journée, nous traverserons principalement la savane et, loin d'être l'immensité desséchée et brûlée que j'imaginais, le paysage s'avère incroyablement diversifié tant par la faune que par la flore. Nos premières forets de palmiers, de baobabs, des troupeaux de zébus un peu partout, le tout accompagné par les milles couleurs et chants des multiples oiseaux de la région.

Après une pause repas (+ sieste obligée) sous un manguier le temps que le soleil tape moins fort, et la journée s'achève par une longue balade au pas sur une immense plage. Certains chevaux étant un peu anxieux au bruit des vagues , mais aussi à cause de la marée trop haute, pas de galop sur le sable , mais quel bonheur de ne croiser aucune paillote ou aménagement pendant des kilomètres sur une plage de sable fin ...

Le soleil se couche quand nous arrivons à Ngazobil chez 'Les frères' , un couvent catholique qui nous servira de refuge ce soir.

Une bonne douche à l'eau 'tempérée' (comprendre 'à l'eau froide') un bon repas local et une bonne nuit sans moustiques au bruit de l'océan, nous sommes prêts pour la journée du lendemain !

lundi 21 janvier 2013

Sénégal - Jour 2

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Hier soir, nous sommes arrivés de nuit à Ndangane et, contrairement à ce que je craignais, la nuit à été réparatrice et sans moustiques (dormir sous une moustiquaire à vraiment du bon !)
Levé tôt, c'est donc l'occasion pour moi de découvrir "Le ranch" de Marie et Doudou. Je dis le ranch, mais je devrais dire "La ferme"; en effet, se côtoient gentiment des chevaux bien sûr mais aussi des dindons, un âne (porte-bonheur Sérère apprendrons-nous), des chèvres, des zébus (dont un croisé avec un boeuf français), des chats et des dindons.
Après un petit déjeuner solide, la journée commence avec la présentation et répartition de nos chevaux : Bagdad (dit "Le dormeur" à cause de sa tendance à se coucher systématiquement dès le moindre arrêt), Toubab ("Toubab" désignant toute personne à la peau blanche ici), Stella (dite "la princesse", ou "la chieuse", au choix), et enfin mon adorable Caramel (dit "Gros caramel mou"). Au Sénégal, les chevaux sont plutôt petits (l'équivalent de la Mongolie, ce qui m'arrange complètement).
Selles, sacoches et bombes prêtes, nous  voilà partis pour notre première balade de prise en main. Dès  nos premiers galops, nous sommes impressionnés par le confort de ces petits chevaux. Par contre, ils semblent ne pas aimer le trot (moi non plus, tout va bien).
Retour au ranch pour le repas puis c'est parti pour la randonnée cette fois, direction Simal.

Sortis du village, nous découvrons le "Tan" (immense étendue de sable dur entrecoupée de lagunes. Totalement ou partiellement inondé à la saison humide). De loin en loin, nous voyons de gros tas de terre verticaux qui me font penser à des fourmilières mais Doudou (notre guide équestre) nous promet mieux. En effet rapidement nous arrivons devant une termitière géante : plus de 3 mètres de haut ! Ce qui me parait exceptionnel et remarquable sur le moment fera complètement partie du paysage bientôt (nous en croiserons des dizaines chaque jour).

"Petit nain", le cheval
à 5 jambes ...
Au fil de l'après-midi, nous croiserons plusieurs personnes au milieu de nulle part et traverserons quelques villages (dont Djillor, le village natal de Léopold Sedar Senghor) ce qui me permettra de réviser mon jugement sur les Sénégalais : si hier nous nous sommes senti un peu "touristiquement agressés", il s'avère qu'ici, au milieu des terres les gens sont beaucoup moins demandeurs.
Un peu surpris et amusés de voir ces 4 toubabs à cheval (dont 3 femmes, ce qui ne se voit pas franchement là-bas), mais assez sympas. Nous découvrons quand même le fameux "Toubab-cadeaux", le cri rieur des enfant qui nous croisent (qui ne tente rien n'a rien ceci dit) mais l'ambiance est beaucoup moins insistante. Les villages sont trés hétéroclites; remis dans un contexte européen, nous aurions du mal à appeler ça des villages au vu des cases en terre, des clôtures en paille et des puits en pneus, mais ici, non seulement cela correspond à une culture, un paysage et un mode de vie proche de la terre, mais également nous serons parfois complètement admiratifs devant l'ingéniosité de certains systèmes 'faits maison' avec du matériel de récupération.

Termitière géante
Nous avons beaucoup à ré-apprendre en matière de recyclage et de "non-surconsommation" !

Après une après-midi agréable à chevaucher tranquillement, nous pressons le pas : le Sénégal vit à l'heure solaire, c'est le mois le plus court (et le plus froid malgré les fréquents 30-35° ...) et la nuit tombe sur nous dès 18 heures.

C'est l'occasion d'assister (et de galoper) sous le regard d'un magnifique coucher de soleil sur les baobabs au loin digne du Roi Lion; féerique !

Arrivés de nuit au campement de Simal, fourbus mais les yeux déjà scintillants, nous nous dépêchons de manger pour retrouver le confort de nos cases en terre et paille, bercés par la mer toute proche.